Climat : les États-Unis de retour dans l’accord de Paris

Le 20 janvier 2021, le nouveau président, Joe Biden, a réengagé les États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat. D’ici quelques semaines, le pays réintègrera donc officiellement ce traité international visant à contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 °C. 

12/05/2015 : L’Accord de Paris

L’accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Il a été adopté par 196 Parties lors de la COP 21 à Paris, le 12 décembre 2015 et est entré en vigueur le 4 novembre 2016.

Son objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C. L’Accord de Paris fonctionne sur un cycle de 5 ans d’actions climatiques de plus en plus ambitieuses menées par chaque pays.

Les années qui se sont écoulées depuis son entrée en vigueur ont déjà donné naissance à des solutions à faible intensité de carbone et à de nouveaux marchés. De plus en plus de pays, de régions, de villes et d’entreprises se fixent des objectifs de neutralité carbone. Les solutions à zéro carbone deviennent compétitives dans des secteurs économiques représentant 25 % des émissions. Cette tendance est particulièrement visible dans les secteurs de l’électricité et des transports et a créé de nombreuses nouvelles opportunités commerciales.

D’ici 2030, les solutions zéro carbone pourraient être compétitives dans des secteurs représentant plus de 70% des émissions mondiales.

 

04/11/2019 : Donald Trump engage le retrait officiel des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat

Donald Trump avait déjà annoncé en juin 2017, avec pertes et fracas, cette volonté de se retirer de l’accord de Paris. Il aurait, assure-t-il, sorti les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, un texte qu’il qualifie volontiers de « désastre » et de « tueur d’emplois ».

Le secrétaire d’Etat a de nouveau invoqué « le fardeau économique injuste imposé aux travailleurs, entreprises et contribuables américains par les engagements pris par les Etats-Unis dans le cadre de l’accord ». Présentant l’Amérique comme un bon élève de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, il a promis que Washington continuerait de « proposer un modèle réaliste et pragmatique dans les discussions internationales sur le climat ».

Les Etats-Unis sont à ce jour le premier émetteur historique de gaz à effet de serre et premier producteur de pétrole et de gaz. Un rapport publié cette année par les procureurs généraux des États alertait sur le fait que l’annulation par Trump de décisions prises par Obama pour réduire la facture énergétique américaine pourrait se traduire par une augmentation des émissions de carbone des États-Unis de plus de 200 millions de tonnes par an d’ici 2025.

20/02/2021 : Joe Biden réintègre les Etats-Unis  dans l’accord de Paris

C’était une promesse de campagne : si Joe Biden était élu président des Etats-Unis, il s’engageait à réintégrer l’Accord de Paris. Le 20 janvier dernier, jour de son investiture, le nouveau président américain a tenu parole. Il a signé un décret en faveur du retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris. Un processus qui prendra un mois et devrait rebattre la donne en matière de lutte climatique.

Une Maison Blanche plus verte

Le poste de représentant spécial pour le climat est une création. Il confère un statut spécial à John Kerry. Ce dernier pourra notamment siéger au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Une première puisque la lutte contre le changement climatique n’était pas jusqu’ici à l’ordre du jour des sessions du Conseil.

John Kerry, le monsieur «Climat» des États-Unis

John Kerry est engagé de longue date en faveur de la cause climatique. Ses alliés politiques au Congrès pourraient grandement compter pour aider à financer les mesures en faveur de la transition écologique. Historiquement, le Congrès a toujours été frileux quand il s’agissait de voter des budgets pour la lutte climatique. Mais surtout, le vote du Congrès sera décisif pour valider tout engagement contraignant en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Un défi qui ne fait pas trembler John Kerry, rompu aux négociations politiques. «Le travail que nous avons commencé avec l’Accord de Paris est loin d’être fini. Je retourne au gouvernement pour remettre l’Amérique sur la voie et répondre au plus grand défi de notre génération et de celles qui suivront».

2 000 milliards d’investissements verts

L’un des premiers engagements des Etats-Unis de retour dans l’Accord de Paris sera de chiffrer leurs objectifs. Lors de sa campagne présidentielle, Joe Biden a annoncé sa volonté d’atteindre la neutralité carbone dans la production d’électricité à l’horizon 2035. Il a ajouté qu’il espérait atteindre la neutralité carbone globale d’ici à 2050.

En réintégrant l’Accord de Paris, les Etats-Unis vont devoir préciser ces chiffres et prendre des engagements à moyen terme. Une chose que n’avait pas faite l’administration Obama.

Côté budget, la nouvelle administration démocrate a déjà annoncé un chiffre : 2 000 milliards de dollars d’investissements pour les énergies vertes et les infrastructures bas-carbone. John Kerry pilotera ce budget. Il devrait annoncer les projets prioritaires dans les prochains mois.

Enfin le grand gagnant du retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris devrait être le Fonds Vert. Le Fonds vert pour le climat est un mécanisme financier de l’Organisation des Nations unies. Il vise à transférer des fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables pour mettre en place des projets combattant les effets des changements climatiques.

Les Etats-Unis devaient y contribuer à hauteur de 2 milliards de dollars. L’administration Trump avait gelé cette participation mais Joe Biden devrait la rétablir le 20 février prochain.